Sommaire
La semaine de Filip Forgeau, vol. 3
Morceaux choisis et source à cliquer pour lire l'intégralité du texte
21-04-02
Voilà, c'est tout. Sinon, il paraît que c'est là qu'on meurt (entre autres, bien sûr) mais à part ça c'est sympa. Ah si, dernière chose : entre autres, est-ce que ça veut dire entre nous ? Bilan d'un deuxième dimanche et de deux semaines passées ici
21-04-02
Et ma fille riait sur le cheval de bois. Alors je m'étais levé et j'avais dit à la voix du téléphone qui me regardait avec des yeux éberlués : Merci madame, mais je n'ai pas besoin de perruque. Finalement je crois que je ne suis pas encore prêt de mourir. Chroniques d'un vivant (?) : Le langage des fleurs
21-04-02
Sacré Anatole. Même mort, sa montre faisait encore tic-tac. Comme pour prolonger sa vie. Ça fait tic-tac pendant combien de temps le ressort d'une montre qu'on a remontée ?
Le réfectoire et les nourritures spirituelles de Monsieur Anatole
21-04-02
Je me repenche donc aujourd'hui sur le problème et travaille désormais sur un projet de balnéothérapie à l'hôpital de Bligny. Certes, le projet est gigantesque. Mais ce sont les dimensions démesurées des utopies qui font les grandes réalisations (c'est un architecte qui m'a dit ça). Séquence vingt-mille : Etat des lieux sous les mers
21-04-02
Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces, me disait ma grand-mère (celle qui avait les chiottes au fin fond du jardin). Je n'ai jamais rien compris à cette phrase, mais est-ce qu'un singe, ça sait tenir un chien en laisse ? Et le caresser dans le sens du poil ? Le sens du poil
22-04-02
C'est un drôle de territoire, la mort. Mais un territoire qui a ses règles. Comme celui de la vie. On y trouve les mêmes caméras de surveillance, les mêmes passages pour piétons, les mêmes limites de vitesse, les mêmes hauteurs maximales. La barrière
22-04-02
Dans ce drôle de sauna, les néons sont allumés même en plein jour. L'interrupteur est cassé, brûlé au briquet. Les graffitis sont illisibles, sauf une croix gammée sur l'un des bancs en bois. Dix-sept virgule un pour cent des Français doivent s'asseoir sur les bancs en bois des arrêts de bus. L'arrêt de bus, dernière station avant la mort et retour à la vie
22-04-02
Et moi, je suis en quelque sorte l'aiguilleur du ciel de l'hôpital du silence. Le garde-frontière
22-04-02
Malheureusement le ridicule ne tue pas. Le sens du ridicule
23-04-02
Le bon sens, ça n'a pas de sens. Rien d'universel dans tout ça. Que de la singularité. J'aime la singularité, tout ce qui est singulier. Pas original, non : singulier. Le bon sens
23-04-02
Un pied à sérum ne roule plus (urgent : patiente épuisée). Une lumière sur la rampe chambre 162 qui clignote tout le temps (urgent : patiente réveillée). Et la vie qui se barre en couille (urgent : je n'ai plus la patience)...Chroniques d'un vivant (?) : Pense-bête pour réparer les vivants
23-04-02
Teuf teuf vroum vroum et vrombissant
J'fais ma tournée des éclopés
J'suis l'moteur des désespérés
L'dernier piston des presque morts.
La 4L de nuit
23-04-02
Pour toutes ces morts, j'ai eu beau crier NON, que ma vie n'avait déjà plus de sens.
Comme une tête coupée détachée de son corps.
Le non-sens
24-04-02
A la terrasse du country club donc (prononcez cahounntri), le type aux chaussures à crampons revenait de faire son dix-huit trous et s'installait avec arrogance en compagnie de son dix-neuvième à l'allure de pouffiasse embourgeoisée, ou de bourgeoise empouffiassée, comme vous voudrez. Chroniques d'un vivant (?) : Marivaux porte des chaussures à crampons (et j'aime pas ça)
24-04-02
A*** ne veut pas être montrée du doigt. A*** ne veut pas voir son visage, son si beau visage, capturé. A*** ne veut pas qu'on rie de sa maladie. Personne n'a envie de rire. Même pas moi, c'est vous dire. A*** en détresse
24-04-02
La direction de son regard vient contredire la mienne. Ses yeux affronter les miens. Otto et moi, on se confronte, en quelque sorte. Du matin au soir et du soir au matin. Double sens et contresens
25-04-02
Et Otto m'inquiète quand il me fixe de son regard vide. Il me fixe des deux trous de son âme et me demande inquiet : Quiconque abandonne son corps de son vivant, son âme l'abandonnera dans la mort ? Portrait d'Otto détruit
25-04-02
Quand la réalité prend tout son sens... et quand la réalité perd enfin tout son sens... Le sens des réalités
26-04-02
Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et, à part ça, bientôt plus de pas de femmes dans un couloir. Bilan d'un vendredi, de deux semaines et cinq jours passés ici
26-04-02
De toute façon, il pleut. Le salon de coiffure
26-04-02
Et lundi matin, l'état de ces lieux sera tel que toute mon existence ici aura été gommée. Quand je vous dis que je suis un homme lessivé. Etat des lieux de sortie
26-04-02
La petite fille : Tu es triste, maman… De la bouche d'une enfant
26-04-02
Adieu Otto. Portrait d'un départ sans Otto
26-04-02
Naître, grandir, mourir.Terriblement excitant, non ?
Voir naître, voir grandir, voir mourir.Terriblement excitant.
Le sens de la vie
     
Sans oublier les participations masquées aux cadavres exquis Je..., Tu... et Elle... et quelques légendes aux photos suspectes du jour.


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