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Les dix-neuf sens |
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Chacun des 19 jours, un sens nouveau décliné en simultané par les différents auteurs. | ||
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Filip Forgeau | Le sens du poil 1/2 | 21-04-02 | Quoi d'autre ce jour ? | Quoi d'autre de cet auteur ? | ||
Un sens qui a tout son sens un dimanche
d'élections. |
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François Chaffin | Le sens du poil | 21-04-02 | Quoi d'autre ce jour ? | Quoi d'autre de cet auteur ? | ||
Rien n'y a fait. La chimie ni le rayon, ni toute l'assemblée cent une fois diplômée, passée en queue leu leu d'un bord du lit l'autre, l'oeil expert et le verbe exotique. Ni la goutte ajoutée à la goutte, ni la collection de pastilles aux formes invraisemblables, introduites buccales dans une explosion des couleurs. Le corps est resté plat, jusque dans les oscilloscopes. Un coma profond comme un abysse, un défi au temps, à l'immobile, au silence. Le corps est plat. Une limande, un horizon rectifié dans l'étau, une Belgique de chair et d'os. Du corps il n'émerge qu'un bip, misérable, monophonique, un clairon ôté de son matin. Et ce bras échappé du pli des draps, ce bras qui s'est pendu dans les odeurs de la chambre. Inerte, oublié des ballants et de l'infirmière, ce bras qu'il voit en premier, comme un signe de bienvenue, comme si elle, le coma profond, avait signé une lettre avant de s'engloutir, en laissant à son père un message de peau, de veines, de coude, de paume et de doigts. Longtemps la médecine s'est interrogée Le rapport indique une rémission inexplicable du coma, une émergence des sens, stimulés immédiatement après l'arrivée du père, qui se contenta pourtant d'une caresse sur son bras, recommencée cent et une fois, toujours dans le même sens. |
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Sabine Mallet |
Le sens du poil | 21-04-02 | Quoi d'autre
ce jour ? | Quoi d'autre de cet
auteur ? |
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Voilà, c'est fait. Je me suis non pas
évadée mais éloignée de Bligny
pour la première fois depuis quinze jours, et ce pour une vingtaine
d'heures. Le temps d'une soirée au théâtre (décevante
histoire de vivants quasi-morts), le temps d'une nuit, agréable mais
courte, au creux d'une épaule odorante (précédemment
évoquée), et le temps de déposer une enveloppe bleue
dans l'urne transparente du bureau de vote n°11 dans le XXe arrondissement
de Paris. Devant l'école de la rue Saint-Maur, une belle rampe d'accès
pour handicapés en aluminium brillant qui n'existait pas au dernier
scrutin. Je ne sais pas si j'ai le sens civique. Je sais que beaucoup de choses me hérissent sans avoir toujours le courage ou l'à-propos de les dénoncer. Comme l'a compris la demoiselle du téléphone (voir plus haut ou plus bas), je suis plutôt gentille et, malgré un certain esprit de contradiction (discret mais développé lorsque je me laisse aller), j'ai la main plus caressante que rebroussante. Je n'ai pas dit à l'auteur que sa pièce ne m'avait pas plu. Je n'ai peut-être pas assez insisté auprès de mon ami pour qu'il lise mes textes. Je ne suis pas sûre d'avoir voté comme j'aurais dû. Je ne sais pas si je suis contente ou triste de retrouver Bligny. Après tous ces aveux, il est grand temps pour moi de reprendre du poil de la bête. Mais quelle bête ? Et dans quel sens pousse son poil ? |
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Filip Forgeau | Le sens du poil 2/2 | 21-04-02 | Quoi d'autre ce jour ? | Quoi d'autre de cet auteur ? | ||
Question : Est-ce que, si l'on préfère
les pubis rasés, ça a quand même du sens ? Réponse : Oui, Toto. |
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