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  Sabine Mallet | La nuit de Frimousse, chapitre 2 | 19-04-02
 

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Où il est recommandé d'avoir lu ou de lire le chapitre 1 si l'on veut comprendre quelque chose !
 
 


— Mais qu'est-ce qui t'a pris aussi, Mimi, d'amener ce truc ici ?
— Et qui c'est qui va nettoyer cette merde ?
— C'est pas de la merde, c'est de la sciure.
— En tout cas, moi...
— Quoi, toi ?
— Je voudrais pas dire mais...
— Alors dis-le !
— Ça devait arriver.
— Violaine, ton secteur... Il s'est allumé.
— J'y vais.
— Quelqu'un a vu le balai ?
— Quelqu'un reveut du café ?
— Et s'il entre dans une chambre ?
— Ils sont trop shootés. Ils se rendront pas compte.
— Mais qu'est-ce qu’ils vont dire ?
— Mais qui ?
— Mes gosses. C'était pour eux. Une surprise.
— C'est la surveillante qui va être surprise si tu planques pas cette cage...
— C'est comme moi avec les poissons. Ils me filent toujours entre les doigts.
— On le saura que tu n'as pas la main humide !
— Qu'est-ce qu'ils vont dire ?
— Il s'appelle comment ton cochon d'Inde ?
— Frimousse.
— C'est mieux que Pustule remarque !
— T'en fais pas, on va le retrouver.... Frimousse ! Frimousse !
— Pas si fort !
— C'est con ces bestioles, ça tourne, ça tourne et puis d'un coup, ça file tout droit on sait pas où.

Frimousse le cobaye est déjà loin. On n'entend qu'à peine le frottement de ses pattes qui trottinent droit vers la sortie. Au moment où il longe la paroi vitrée de la porte, celle-ci coulisse pour laisser entrer une silhouette blanche et ronde. La surveillante de nuit ne remarque pas la petite ombre qui dévale les marches, parcourt d'un seul élan une cinquantaine de mètres, contourne deux ou trois arbres, bifurque dans une allée, se glisse sous une haie de lilas, traverse une vaste pelouse, s'arrête un instant contre une roue de voiture pour soulager une envie pressante, et se remet en route avant de s'arrêter brusquement, moustaches frémissantes : ça sent le chien !

— Oui Locktar, oui le chien, on y va !

Frimousse n'est pas le seul à avoir besoin de se soulager. Un homme s'approche, tenant en laisse un gros labrador qui gronde sourdement.

— Tout doux Locktar, tout doux. C'est encore après le lapin centenaire que t'en as ? Mais laisse-le donc tranquille, ce pauvre vieux !

Une sonnerie résonne, l'homme fouille dans sa poche.

— Allô oui... Oui bonsoir... Quoi ? Non, non pas pour le moment... Oh écoute, on va pas recommencer. De toute façon, c'est ma dernière garde pour le mois. On verra ça plus tard... Excuse-moi une seconde... Le chien, viens ici ! Au pied ! Attends, ne quitte pas... Allô. Oui c'est bon, c'est Locktar qui se laisse aller. Qu'est-ce que tu veux, il n'aime que les blouses blanches ce chien. La nuit, il est un peu paumé... Bon je te rappelle tout à l'heure. J'ai une analyse sur le feu. Eh ! Y a pas d'heures pour les bactéries... A plus tard. Allez Locktar, on rentre...

Frimousse n'a pas attendu la fin de cette conversation téléphonique pour tenter d'échapper à la truffe chercheuse de Locktar. Que ce soit par goût du risque ou par instinct dévoyé, il s'est approché d'une fenêtre entrebaîllée et voilà notre cobaye qui, d'un bond efficace, pénètre dans le monde étrange et merveilleux du laboratoire O'Neill sur lequel veille ce soir Francis-le-Siffleur.

 
     
   
     
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