Il pleut.
Les feuilles mortes, gorgées d'eau, se font moins crissantes sous
les pas. Les oiseaux ont la gorge plus sèche que d'habitude.
Au dessus du kiosque, le vert des feuillages se confond avec le gris du
ciel qui a repeint les tuiles. Le bois est recouvert d'un vernis d'humidité.
De temps en temps, le vent souffle plus fort et fait tomber une myriade
de gouttes sur le toit pentu. On dirait que les arbres applaudissent.
Un fil brillant est tendu entre les deux poutrelles de l'entrée
du kiosque. Une araignée monte la garde.
Elle lève une patte pour me recommander le silence.
Autour de la table ronde, à l'abri des gouttes, une assemblée
s'est réunie. Les uns sont assis sur les bancs circulaires, d'autres
sont debout, appuyés contre les poutres ou sur l'épaule
d'un voisin.
Je les vois sans les entendre et je les entends sans les voir. Ils sont
une multitude, de tous âges. Avec des sourires et des regards graves.
Je reste à distance. Je sais qu'ils savent que je suis là.
L'araignée me sourit et me fait signe de m'éloigner.
Je marche à reculons.
Eux tous si nombreux ont l'air heureux que je les laisse enfin en paix.
|