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L'oasis des voix off
 
  Voix off A | Filip Forgeau pour Cissé, Damba et Victoria  
     
     
L'image suspecte de Carol Kennedy L'ampoule d'une salle de théâtre. D'une salle de cinéma. Ou d'une boîte de nuit. D'une salle d'opérations. D'un lampadaire dans la rue, au bord du goudron. Ou bien la petite lampe qu'on met sur la table, le soir, pour apprendre les leçons.
Si c'est l'ampoule d'une salle de théâtre, autour il y a des acteurs, du public.
Ça me rappelle aussi chez le dentiste. Et chez le photographe en Afrique. Quand je faisais mes photos d'identité. Et les photographes de mannequins, de top-models.
C'est vers le soir.
Il y a des fenêtres.
Si on ouvrait les fenêtres ? Derrière, ce serait une grande salle. Ou bien une petite cour, des petits jardins, avec des voitures garées et du monde qui passe.
De toutes façons, si tu ouvres la fenêtre, tu vois toujours quelque chose derrière.
En boîte de nuit, il y a des ampoules multicolores. C'est le commencement. La boîte de nuit vient d'ouvrir.
Dans la rue, on voit des poteaux de réverbères croisés. Mais ils ne sont pas cassés, c'est juste pour donner beaucoup plus de lumière.
Ça me rappelle aussi quand on fait du stop. A cause des voitures. Très tard. Avec des piétons.
 
     
L'image suspecte de Carol Kennedy Des petites bouteilles. Rangées. En cristal peut-être. Ou plutôt des petites bouteilles de Cristalline. Comme des bidons vides. Elles sont sur la table. Ou bien dans un frigo, mais alors elles sont remplies d'eau. Parce qu'on ne range pas des bouteilles vides dans le frigo.
Souvent on récupère les bouchons pour Odile. Pour aider les gens en fauteuil roulant. Il en faut quarante tonnes.
Ou bien des flacons de crème qu'on met sur le visage. Contre le soleil ? Ou pour bronzer ? Pendant les vacances et pour l'été. Ça ne peut pas être l'hiver. Pour la promenade des Anglais à Nice, c'est important.
De l'huile de beauté.
C'est très éclairé, parce que la lumière du plafond se reflète sur le cristal des Cristalline.
Des gens passent souvent, mais pas tout le temps. Des gens passent de temps en temps, pour venir chercher une bouteille d'eau. Il n'y a pas de napperon sur la table.
On trouve cette table avec toutes ces bouteilles dans tous les couloirs.
 
     
L'image suspecte de Carol Kennedy Une cabine téléphonique. A Bligny. Parce qu'on est à Bligny, d'abord. Elle nous arrange souvent. Parce qu'à n'importe quelle heure on peut téléphoner. Tous les jours, à chaque moment, des gens passent devant cette cabine.
A côté de la cabine il y a la cafétéria, une machine à café, et puis la campagne, et les arbres qu'on a plaisir à regarder. Un grand salon où tous les patients se regroupent.
Le numéro de la cabine est écrit sur le mur.
Tout le monde veut toujours afficher quelque chose, ce qu'il veut.
Souvent, on écrit le nom des stars, ça nous fait rire. On rêve.
Y a beaucoup de sortes de gens qui viennent téléphoner. Y en a qui parlent doucement, y en a qui parlent à haute voix. Chacun s'exprime à sa façon, et puis ça gêne personne.
Cette cabine me fait penser beaucoup à la cabine de mon quartier. C'est un quartier cool où y a de l'ambiance. Mais je n'ai pas envie de parler de mon quartier. C'est à Drancy.
La différence entre cette cabine et celle de mon quartier, c'est que la vitre de celle de mon quartier, elle est toute cassée.
Vers 19 heures, 20 heures, mes amis et moi on se regroupe à côté de la cabine. Pour parler de la vie. On parle de l'avenir et tout tout tout.
La cabine c'est un grand souvenir pour moi.
J'ai un pote qui dit que “la cabine, là, ça nous appartient”.
Aux Etats-Unis, il y en a qui disent à d'autres qui veulent utiliser la cabine de leur quartier : “D'accord, mais tu payes, tu payes !”
La cabine qu'on trouve dans la rue et celle qu'on trouve à l'hôpital, c'est différent. La cabine dans la rue, c'est quatre carrés comme ça tout en vitre. Alors qu'à l'hôpital c'est pas ça. C'est toujours ouvert, y'a pas de porte à toujours ouvrir et fermer.
Même en dehors de l'hôpital, la cabine ça arrange tout le monde.
Ici, on appelle souvent des gens à l'extérieur. On paye des cartes pour ça. Des fois on se fait appeler au numéro de la cabine. On nous demande des nouvelles de notre santé et tout. Ça fait plaisir.
Si y avait pas de cabine à l'hôpital, pas de cabine du tout, ce serait moche, très moche. On ne recevrait que du courrier, des lettres. On reçoit aussi des amis et des copains qui nous rendent visite, ça nous fait plaisir aussi.
L'hôpital, il est calme, y'a pas de bazar ici et avec L'Oasis ça nous donne du courage.
 
     
L'image suspecte de Carol Kennedy C'est à l'intérieur d'une chambre.
Mais ça pourrait être aussi une bibliothèque, la Bibliothèque François Mitterand ou quelque chose comme ça.
Il y a des fenêtres. Le soleil rentre par les fenêtres.
Il y a des tables à ranger et des lumières au plafond, éteintes.
C'est mort. C'est fermé. C'est fermé, mais par la fenêtre tu vois quand même le soleil.
Peut-être qu'il y a des travaux. Mais c'est un jour férié. C'est pour ça que la photographe a pu prendre cette photo, parce qu'il n'y a personne. La photographe peut prendre des photos tant que les gens ne la chassent pas.
C'est sur le trajet pour Fontenay. Ce sont les nouvelles chambres à rénover. Il y a encore beaucoup de travaux à faire. Mais les gens ne sont pas là parce qu'ils sont ailleurs, en train de discuter. Les gens qui travaillent ici, ce sont des Portugais. Il y a des blacks aussi.
 
     
L'image suspecte de Carol Kennedy C'est la partie de Despeaux qui nous fait face. Qui fait face au goudron.
Non, c'est plutôt derrière Despeaux.
Là-bas, c'est bien, le gazon est joli. Au moment de l'été c'est cool. On n'est pas encore en été mais ça approche.
Il y a de jolies fleurs. Ce bonhomme avec ce banc, j'ai l'impression que c'est un patient. Et comme il écrit, il faut qu'il voie bien les choses en face.
Beaucoup de monde s'asseoit sur ce banc, mais aujourd'hui il n'y a que lui seul.
Là-bas, y a pas beaucoup de monde par rapport à Fontainebleau.
Ce bonhomme, il va rester là un bon moment, au moins une heure et quart. Même s'il n'a rien à faire. Il se repose, et il écrit aussi.
 
     
L'image suspecte de Carol Kennedy C'est le bureau des entrées ? Non, c'est pas Bligny. Est-ce que c'est un homme, là en blanc ? Je ne sais pas. Ça ne peut pas être une gare RER. Il y a un bureau, une dame va pour rentrer, elle croise un vieux monsieur devant la porte.
Tout ça, ça fait partie de Bligny.
Le vieux monsieur, c'est sûrement un patient. La dame, elle, elle doit être infirmière. Le monsieur lui parle. Il dit "Bonjour", et la dame lui dit "Ça va ?". En passant, quoi. Ils se connaissent, c'est sûr.
C'est là que l'on signe les formalités, les papiers pour sortir, les factures de téléphone.
A l'intérieur, dans le hall, il doit y avoir les gens du standard. Les ambulanciers viennent les voir pour remplir les formalités des patients. "Si vous voulez téléphoner, vous allez payer la facture là-bas."
Le vieux monsieur, il sort, il va descendre les escaliers et va se promener. Ça se voit. Il va faire un tour au parc ou à la cafét'.
 
     
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