C. le regarde, patiente, comme étonnée. Elle n'est pas tout à fait certaine de comprendre où il veut en venir. Se connaissent-ils ? L'a-t-elle déjà pris en photo ? L'a-t-elle croisé au hasard de ses pérégrinations dans les couloirs et les étages ? Est-ce un malade ? Un visiteur ? Avec cette allure et cette odeur, ça ne peut pas être un médecin. Ou alors he's a fucking homme de l'art déchu. Non, C. ne parle pas ainsi. Elle est douce et cherche souvent ses mots en français. Elle sourit, dit au revoir, s'éloigne. "Elle est jolie" ressasse l'homme en prenant à témoin l'homme qui est entré avec lui dans la cafétéria : "Hein Michel ? Hein qu'elle est jolie ? Viens donc par ici." Michel, tout aussi buriné que son compagnon mais plus rouge que violet, s'est assis à une des petites tables rondes devant le kiosque à journaux. Il presse un de ses poings contre son crâne. Il n'a pas la tête à ça : faire du gringue à une jeune femme évanescente alors que sa femme à lui ne rentrera peut-être pas à la maison ce soir.
C. est maintenant sur le perron à l'entrée du bâtiment de Fontenay. Elle règle son appareil photo, tout en soufflant sur une mèche de cheveux qui lui tombe dans les yeux. Elle zoome. On aperçoit son reflet dans la porte vitrée. Le contre-jour sera parfait.